IRLANDE La fin des quotas laitiers s'annonce tumultueuse

Depuis septembre, le comité laitier du syndicat majoritaire irlandais IFA réclame des restitutions aux exportations ciblées, la réouverture de l'aide au stockage privé et « un relèvement du prix d'intervention qui changerait le sentiment des marchés rapidement et efficacement », selon son président Sean O'Leary. Message reçu chez le ministre de l'Agriculture, qui a demandé l'application de ces mesures au Conseil de l'UE du 15 décembre. « Ces outils doivent être mis en oeuvre au bon moment pour nous assurer qu'ils ont un effet maximal et créent un véritable plancher sous le marché si cela est nécessaire au nouvel an », a déclaré Simon Coveney. Le ministre appelle aussi les banques à faire preuve de souplesse envers les éleveurs menacés par les trous de trésorerie au premier semestre 2015.

La sortie des quotas s'annonce brutale pour l'Irlande, qui a pourtant toujours milité pour la libéralisation du marché laitier et veut porter la production nationale de 5,5 à 8 milliards de litres d'ici à 2020. Les agronomes de Teagasc, l'institut de recherche, s'attendent à une hausse de 10 % dès 2015... accompagnée d'une chute de 76 % du résultat par hectare sur l'exploitation laitière irlandaise moyenne.

DES PÉNALITES RECORDS

Malgré la baisse des prix, le pays renforce son troupeau. Avec une très bonne année météo, les Irlandais subiront paradoxalement un dépassement de quota historique pour la dernière année du système. Simon Coveney demande à Bruxelles un ajustement du coefficient butyrique qui réduirait l'amende irlandaise, ainsi que des délais de paiement. Localement, les coopératives proposent déjà des crédits gratuits aux éleveurs pour les aider à payer leurs pénalités. De leur côté, elles investissent massivement dans leurs capacités de production, pour monter en volume mais aussi en gamme. Dernier exemple en date : Glanbia a inauguré, le 15 décembre, une usine de protéines à près de 8 millions d'euros destinée à alimenter le marché de la nutrition médicale et sportive. Les Etats-Unis, le Moyen-Orient et la Chine sont les nouvelles cibles privilégiées.

A long terme, personne en Irlande ne remet en cause une politique d'expansion laitière basée sur la confiance dans la croissance de la demande mondiale. Mais « 2015 sera une année difficile pour les laitiers, déjà affectés par des facteurs commerciaux et géopolitiques hors de leur contrôle », prévient Simon Coveney.

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